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Ce numéro est dédié à Corinne Guiard et Jocelyne Pasquier
devenues embruns, feux follets, voix d’herbes et d’eaux,
gestes de terres et de vents.
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Édito
Il est courant de lire que la rumination est mauvaise pour les esprits. Avec l’avènement de la psychologie, la rumination a été confondue avec le ressassement.
Rumination et ressassement sont deux processus différents. Le ressassement d’idées sombres et obsédantes peuvent mener l’individu à la dépression, au délire de persécution. Au contraire, la rumination est le processus qui permet de distinguer les idées fausses, les espoirs vains, les emprises, les mensonges, les perversions, des pensées vraies, généreuses, libres et créatrices.
« Nous avons, depuis longtemps, perdu la faculté de ruminer… » écrivit Nietzsche.
Toute pensée, toute création est histoire de rumination, de digestion. Toute pensée conséquente est lente et pesante. La rumination est synonyme de méditation et de réflexion.
La rumination, ce sont les mâchoires physiques et morales qui permettent de tordre, déchiqueter et broyer ce que le corps perçoit, reçoit et ressent du lieu et des êtres qui l’accompagnent. Les aliments peuvent être la chair tendre d’un fruit ou la carne caustique d’un souvenir. Pour l’absorption pleine et parfaite des qualités nutritives de chaque rencontre et en apprécier unions et désunions, la lenteur et la patience sont de mises. La plus infime sensation se mêle furtivement au corps ruminant. Durant cette première phase, longue et lente, la forme ruminante s’oublie. Son esprit, malmené par les dents et la langue, s’emplit et se vide régulièrement. Il nage maladroitement entre failles, crêtes et versants. Dans sa nage il rêve, réfléchit ou s’endort. Quelle que soit l’activité – rêverie, réflexion ou sommeil – elle doit imprégner chaque fibre du corps jusqu’à l’ouvrir au monde et aux autres existants.
Nous nous déclarons donc ruminantes et aspirantes à la féralité. Notre symbole est la vache rouge peinte au Paléolithique, symbolisée par Behigorri détentrice des secrets d’Euridyce.
Sommaire
Adèle – Anne Barbusse – aquarelle Ana Minski
Chronique du Hamac (extrait) – Cathy Garcia Canalès
Elle pleut – Julie Go (texte et photos)
Devenir – Lola (poème et illustration)
Quatre poèmes : Les percées, l’aurore, les ruines, le vent –
Calypso Debrot – aquarelle Fleur Sénécal
Triptyque poétique :
Écorcer, Deverser, Effacer – Oiara Bonilla et Emmanuelle Safi –
photos Oiara Bonilla
Le coudrier et le chèvrefeuille – Marie de France (XIIIe siècle)
À la soupe – Simone Colline – illustration Rachel Colline
Inspiration – Renée Vivien (XIXe siècle)
Les femmes de Ny-Cryo – Marie Derley – aquarelle Ana Minski
Le bruit de l’eau – Jenna Boudaoud – lavis Séverine Hettinger
Deux poèmes – Lola (poèmes et illustrations)
Elle avait oublié – Mariia Golkova – pastel et fusain Aline Recoura
Le vieux Lierre – Cathy Garcia Canalès
Tuer ma peur – Ileana Budai – illustration Lola
Racines – Stéphanie Barzasi – aquarelle Ana Minski
Deux poèmes – Lucia – illustration Lola
Petrichor – Maya Paules (poèmes et photo)
Deux poèmes – Ana Minski (poèmes et aquarelles)